Le Livre
Zebraska
Temps de lecture de l’article : 6 minutesNouvelle version revue et augmentée – format poche
Zebraska - Version 2020
Le nouveau Zebraska s’inscrira au cœur d’un cycle de conférences autour du thème de la différence et du vivre ensemble. Il sera aussi présenté dans plusieurs écoles du cycle supérieur.
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À lire sur le même thème → L’ombre du zèbre n’a pas de rayures.
Quand on est né avec une formule 1 dans la tête, piloter sa vie n’est pas tous les jours facile ! Martin Leroy, quinze ans et un brin atypique, en sait quelque chose. Il vit dans un futur proche où on ne fabrique plus de livre depuis des décennies. Un soir de Noël, il reçoit de la part de sa grand-mère un cadeau étrange : un roman intitulé Zebraska, dont le jeune héros n’est autre que son père. Lui aussi était un petit garçon Haut Potentiel, à une époque où l’on manquait encore cruellement de délicatesse pour apprivoiser la différence. Au fil des pages, la découverte de ce drôle d’héritage, transmis par une grand-mère touchante et burlesque, bouscule les certitudes de Martin. D’autant qu’il n’est pas étranger aux secrets bien gardés que renferme le récit… « Bienvenue à Zebraska, un monde peuplé de zèbres impertinents qui s’interdisent de ne plus croire en rien ! »
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PREMIÈRES LIGNES :
Nous sommes en 2055. J’ai quinze ans à l’époque. Comme d’habitude, je suis le premier à franchir la porte du lycée à la fin des cours. J’attends Louna et Scotty au sommet du grand escalier qui domine le centre-ville. C’est vrai que j’ai toujours eu un besoin obsessionnel de routine. Chaque objet doit avoir sa place. Si une Harley Davidson de ma collection de maquettes est déplacée d’un millimètre, ça me rend fou. Qui dit fou, dit colère. Malgré tout, je contrôle. Les étudiants commencent à envahir les marches, leurs lunettes holographiques sur le bout du nez. J’adore ce moment où chacun est plongé dans ses propres images, invisibles pour les autres. Je les regarde sourire, s’énerver, bouder, et je joue à leur imaginer des histoires fugaces. Mais cet après-midi je n’ai pas le cœur à inventer des mondes merveilleux. Mes amis n’arrivent pas. Quelques flocons se sont mis à tomber sur la ville. Il fait froid et je relève le col de ma veste. Je suis passablement énervé. À cause de leur retard, j’avoue, puis surtout à cause de ce bouquin qui me hante depuis des semaines. Une centaine de pages, trente mille mots à peine. Qui me font blêmir. Tout m’émeut toujours. Inaltérablement, tout m’angoisse. Louna arrive la première. Elle a relevé ses cheveux dans une pince en forme de fleur. Son visage est si parfait qu’il n’en existe aucun autre auquel j’aurais pu m’attacher. Louna, je l’aime. Depuis mes huit ans. Toujours la même petite amie ! Bien que cela me paraisse parfois surréaliste, j’aime penser qu’elle sera un jour la mère de mes enfants. Nous projetons de vivre sur une autre planète, d’où nous venons très probablement tous les deux. Elle s’approche en souriant – Louna sourit invariablement –, se hisse sur la pointe des pieds jusqu’à ce que ses lèvres touchent les miennes. J’aime ce tendre rituel, mais le fichu bouquin est plus fort que tout. J’ai beau essayer de le chasser de mon esprit, il me revient sans cesse et m’empêche d’être vraiment là. C’est bien tout mon problème, je n’ai jamais eu de bouton OFF. Et donc je mouline, jusqu’à l’épuisement. − T’es sûr que tout va bien, Marty ? – Hein ? Oui, oui, ça va ! Il y a ce mot surtout, Maudit, page 60 du fameux bouquin, qui me cogne de plus en plus dans la tête. Louna se love sous mon bras. La chaleur de son corps me fait l’effet d’un soleil sur le cœur. Je sais que je ne pourrai plus lui cacher mon secret bien longtemps. Scott arrive un peu après Louna, les mains au fond des poches, les cheveux hirsutes, presque hilare. Je dois avoir un air particulièrement suspect parce qu’il me dit : – Mais qu’est-ce que t’as ? T’es vraiment bizarre depuis quelque temps. À Scotty aussi, il faudrait que je parle. Avec lui tout a toujours été différent. Il est mon seul grand ami. Un vrai normo-pensant, pourtant ! Il peut me dire n’importe quoi, si ses mots m’atteignent souvent, ils ne me déchirent jamais. Peut-être parce qu’il sent un peu la pomme verte et que j’adore le mot pomme. Peut-être aussi parce qu’il n’existe rien de méchant en lui. Pourtant c’est un crâneur, un poseur, du genre qui n’a peur de rien, lui.
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La vie du bon côté animée par Sylvie Honoré. Le 26 mars 2021
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