Le Livre
Le second printemps
Temps de lecture de l’article : 4 minutesLa vie d’Adèle Carlier, 52 ans, lui échappe peu à peu : ses enfants quittent le nid, sa mère se fane tout comme sa carrière, et son mari continue à tracer sa route, négligeant ses états d’âme. Adèle se sent vieillir, devenir transparente et inutile. Des bouffées de chaleur aux publicités ciblant la femme quinqua, tout le lui rappelle. Qui est-elle vraiment, hors de sa tribu ?
Un matin, lassée d’attendre son homme toujours en retard, elle prend seule l’avion à destination de Lyon. Envolée sur un coup de tête pour s’affranchir du monde, Adèle en découvrira un autre sur le chemin qui la mènera jusqu’en Espagne, composé de personnalités égarées, chacune dans sa propre quête de sens.
Jusqu’où l’héroïne devra-t-elle transgresser ses principes pour apprivoiser sa propre liberté, à l’automne de la vie ? À moins qu’il ne s’agisse d’un second printemps…
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PREMIÈRES LIGNES
Pendant 30 ans, ma vie a ressemblé à un perpétuel printemps, une combinaison contrôlée de rituels plus ou moins choisis et joyeux, d’habitudes consenties, de travail excitant, de voyages, de mariage heureux, de maternité épanouie, d’amitiés fidèles. Bien qu’exaltée et par trop débordante, suffocante parfois, cette vie-là ne m’a jamais paru hors propos. D’aussi loin que je m’en souvienne, j’en ai épousé les courbes au plus serré, tel qu’on me l’avait appris, assumant les virages difficiles, surmontant les coups durs et les tracas. Mes proches m’ont toujours vue comme une femme forte et courageuse, jolie, bien dans sa peau et dans son temps. Une femme libre.
Et d’une certaine manière, je l’étais. En tout cas, j’avais été libre de choisir mes servitudes. Sous influence, mais libre. Ainsi m’étais-je attachée de mon plein gré à des études de biologie, moi qui adorais la littérature, parce que papa qui s’en était allé bien trop tôt en avait tant rêvé. J’étais ensuite tombée dans les bras de Julien dont l’ardeur et la jouissance de vivre faisaient passer mes jours comme des rêves. Il me suffisait d’être avec lui dans l’existence qu’il avait envie de mener pour qu’il m’aime en retour. Mes ambitions, mes décisions, mes amitiés, tout, désormais, émanait de cet amour. Déjà je réalisais sans m’en inquiéter que j’avais besoin de lui plus qu’il n’aurait jamais besoin de moi. J’étais à lui, admirée par lui, adoptée par lui, prête à tout pour qu’il me garde. La liberté, je l’avais, ce que je voulais, c’était l’attachement ! Dépendre. Appartenir. Servir. Rien n’était plus concevable sans lui. Un spectacle, un dîner, une journée à la mer, dans le train, le canapé ou au lit, dès qu’un plaisir s’envisageait, je l’imaginais à mes côtés. J’en ai fait des soirées arrosées avec ses amis sans ciller, moi qui aimais me coucher tôt, des voyages éreintants, sac au dos et cloches aux pieds, sans me plaindre, des vols dans de petits avions à hélice qui m’ont collé la peur au ventre au point qu’aujourd’hui encore je palpite à la seule idée de monter dans un Boeing