Braine Blues
Isabelle Bary
Éditions Luce Wilquin
ISBN 978-2-87542-030-5

Le Livre

Braine Blues

Temps de lecture de l’article : 4 minutes

Au printemps 2011, les Editions Luc Pire me proposaient d’écrire le premier roman d’une toute nouvelle collection : Kiss and Read, une histoire d’un genre nouveau destinée aux voyageurs, surtout aux voyageurs du train. Un roman de gare en quelque sorte, mais revisité, dépouillé de sa connotation péjorative. Il s’agissait d’écrire un roman court et distrayant. J’ai donc tenté de mêler l’humour et la légèreté à l’écriture enlevée qui est la mienne et cela a donné Braine Blues

Les émissions politiques de Nine Paulus lui ont taillé une réputation de femme brillante et moderne. Idéale. Et pourtant… Ballottée entre la radio, une maman tentaculaire, sa vie de célibataire et sa fille Lilou – qu’elle élève seule dans une jolie maison de Braine-l’Alleud –, Nine aimerait être insouciante et drôle.

Un jour, enfin, un brin de folie la prend. Nine saute dans un train pour Charleroi, rejoindre l’homme dont elle est séparée depuis cinq ans.

Mais la fantaisie la saisira là où elle ne l’attendait pas, dans ce wagon immobilisé pour raisons obscures, au milieu de nulle part. Un endroit figé et confiné où une vieille dame suspecte, une jeune femme enceinte, une couguar étrange, une adolescente boudeuse, un apollon et un homme bien mystérieux vont épousseter ses a priori sur la légèreté de la vie.

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Premières pages

Moi, Nine, quarante-deux ans

Vendredi. 16 heures. Le jour ne veut pas finir. L’après-midi s’éternise sur la préparation de cette émission politique que j’anime en direct tous les lundis matin. Il fait chaud dans les locaux de la radio et j’envie ces voitures qui déjà fuient la ville. Elles charrient la promesse de dimanches ensoleillés en ce début d’automne où les feuilles tardent à tomber. Le ciel porte des couleurs de miel et on devine les senteurs imaginaires des derniers barbecues.

J’éteins mon PC, agrippe mon sac et je file en douce. Pose mes lunettes solaires sur mon nez trop long, ouvre ma voiture à distance. Elle me répond par un bip rassurant, ma [BMW]{.caps} trop grande, trop rapide, trop farcie d’options parfaitement inutiles, mais si « sécurisante », comme dirait maman.

Je l’appellerai dans la voiture, maman, lui dirai de ne pas aller chercher Lilou à la danse, que je m’en chargerai… pour une fois ! Elle me demandera ce qui me prend, me répétera trois fois de ne pas arriver en retard, me dira que la rue est à sens unique et qu’il est interdit de se garer devant la porte cochère. Je lèverai les yeux au ciel en l’imitant silencieusement, ce qui fera sourire mon voisin de fortune, immobilisé dans sa propre carcasse au milieu de l’exode du vendredi soir.

Je vois la belle Natalia qui, d’un même geste, ouvre sa Mini cabrio de loin. Nos bips croisent le fer comme dans Star Wars. L’idée m’amuse : des stars, nous le sommes, en quelque sorte, et nous serions prêtes à ce combat au laser pour conserver notre job. « Salut Nine ! Tu fais quoi, ce week-end ? – Rien de spécial, du temps avec Lilou. Et toi ? – Shopping, virée nanas et grasse matinée. Bronzette dimanche. »

Je souris, moqueuse, devant tant de profondeur. Mais j’envie cette légèreté. Secrètement. Comme on rêverait d’un monde imaginaire où tout serait parfait. Pas de prise de tête, pas de réflexion, ni d’obligations, que du jeu, du jeu et du rire. Je regarde Natalia qui secoue son bras pour me saluer. Ex-Miss Belgique ou créature satanique, aux seins exorbitants et fesses orbiculaires, elle est belle, jeune, insouciante, pas très futée, mais gaie, si gaie. Un rayon de soleil qui anime un jeu idiot, tous les midis, et fait exploser l’audimat. Les gens qui l’écoutent (et qui ne l’ont pas encore vue en bikini dans un magazine people) doivent imaginer un petit brin de fille sexy et rieur.

Moi, je suis associée à Di Rupo ou Milquet, tout de suite, c’est moins drôle ! Un jour, alors qu’elle me complimentait sur la longueur de mes jambes (Natalia a trois sujets de conversation : le look, le sexe et son émission radio) et me conseillait de porter la minijupe, je lui avouai mes quarante-deux ans et l’incongruité de s’habiller de la sorte à ce stade plus avancé de la féminité. « Quoi ? C’est pas possible ! » avait-elle beuglé de sa voix haut perchée sifflant entre des lèvres d’une grosseur phénoménale. « Tu as qua-ran-te-deux ans, mais c’est dééééééééééééééément, presque comme ma mère ! » Je l’avais remerciée pour cette apologie. « Apolo… quoi ? » « Apologie », avais-je répété en détachant chaque syllabe, avec un air de dire j’ai peut-être presque le double de ton âge, cocotte, mais tu trimballes le désert au-dessus de tes sourcils. « A-polo-gie, compliment, si tu préfères. » Elle est viveuse. Je suis juste vivante. C’est d’un vexant ! J’ai des envies assassines.

Ce que les lecteurs en disent…

La presse

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